
Dans deux semaines, se tiendra, à Londres, le Forum social européen (FSE). Il semble que la perspective d’adoption de la « Constitution » européenne provoque quelques remous.
Decarro, ancien responsable
syndical suisse et
représentant son pays
au comité d’organisation,
explique : « Je perçois au sein
du FSE des contradictions
importantes sur des questions
fondamentales (…). Ce n’est
pas un hasard si la dernière
assemblée préparatoire s’est
déroulée dans les locaux de la
CES (…). La CES s’est prononcée
en faveur de la Constitution
européenne. D’autres acteurs altermondialistes du
continent, eux, s’y opposent. »
ATTAC PRENDRA
POSITION
UN MOIS ET DEMI
APRÈS L’ADOPTION
PAR LES CHEFS
D’ÉTAT...
Dans ce FSE, les « altermondialistes
» vont donc « lutter »
ensemble pour et contre la
« Constitution » européenne.
Apparemment, personne ne souhaite que cette question
soit à l’ordre du jour du
FSE, au point d’être totalement
absente de la plaquette
de présentation du FSE.
Dans une lettre à ses membres,
le bureau d’ATTAC
écrit : « Le bureau d’ATTAC
souhaite repréciser les raisons qui
ont conduit le conseil d’administration
à organiser une consultation
de l’ensemble des adhérents
sur le traité constitutionnel européen.
Les réactions de plusieurs
adhérents et de comités, ainsi que
les échanges entre eux sur la liste
locale et sur celle de la commission
Europe rendent cette clarification
nécessaire. »
Explication pour le moins
embarrassée.
Rappelons qu’ATTAC
s’était adressée à la convention
de Valéry Giscard d’Estaing
avec des propositions
de modifications et d’amendements
— les « 21 exigences
» — dans l’objectif de
rendre plus « sociale » la
« Constitution ». Dans sa circulaire
du 28 septembre,
ATTAC précise :
« Il va de
soi que le conseil d’administration
s’exprimera officiellement
sur le référendum, mais cette
expression tiendra compte des
résultats de la consultation de
tous les adhérents. Le prochain
numéro de Ligne d’ATTAC
indique le calendrier de cette
consultation — dont les résultats
seront proclamés à l’occasion de l’assemblée générale du
11 décembre — et ses modalités.
Les assises du 12 décembre
permettront d’analyser ces
résultats et de débattre sur la
manière de les faire prendre en
considération par le CA. »
Bref, ATTAC prendra donc
position officiellement les 11
et 12 décembre, soit un mois
et demi après l’adoption par
les chefs d’Etat de cette
« Constitution », deux mois
après le comité exécutif de la
CES, les 12 et 13 octobre, et
près de deux mois après le
FSE qu’ATTAC coorganise
avec la CES, et qui se gardera
de prendre position.
LUCIEN GAUTHIER (semaine du 7 au 13 octobre 2004 - n°661)
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Le Forum social européen
(FSE) de Londres
vient de se tenir ce
week-end. Selon la presse
qui rend compte de ses travaux,
« l’Europe n’a obtenu
qu’une modeste place en fin
de parcours ». Faut-il s’en
étonner ?
Le maire de
Londres, Ken Livingstone,
l’un des hérauts de « l’altermondialisme
», vient de lancer
un vibrant appel en Angleterre
pour le vote oui à la
« Constitution » européenne.
Ce même K. Livingstone a
financé sur fonds publics, à
hauteur de 40 %, le FSE en
question. Il n’est pas difficile
de comprendre que, dans ces
conditions, il était peut-être
plus convenable de mettre
en sourdine les sujets qui
peuvent fâcher.
Certes, des
débats, il y en a eus : sur
« l’environnement, la montée de
l’extrême droite »… ou bien
encore « l’eau, le voile islamique,
le commerce équitable…
» Questions fort discutables,
bien entendu, mais
qui, on nous l’accordera,
présentent l’immense avantage
de permettre un
consensus de bon aloi.
Ainsi,
Susan George, la vice-présidente
d’ATTAC, a déclaré :
« Quand Chirac est rejoint par
cent pays prêts à discuter d’une
taxe internationale, c’est un
succès pour nous qui militons
depuis 1997 pour la taxe
Tobin. » Bigre. Les multinationales
en tremblent encore.
En revanche, les millions de
salariés qui ont vu leur retraite
considérablement amputée
et leur système de Sécurité
sociale attaqué comme
jamais apprécieront à sa
juste valeur le « succès » dont
se targue la représentante
d’ATTAC.
Poursuivons. La prétendue
Confédération européenne
des syndicats (CES), qui a
financé à hauteur de 20 % le
FSE, était également présente.
Selon L’Humanité, sa représentante
a déclaré, concernant
la « Constitution »
européenne : « Il faut approuver
tout pas en avant
dans la démocratisation de
l’Europe (…). La Constitution
a intégré des propositions
de la CES dans la Charte des
droits fondamentaux. »
Et L’Humanité de conclure :
« Les débats qui traversent le
mouvement social et syndical
ne doivent assurément pas
être “un facteur de division”,
comme le souhaite un syndicaliste
britannique, reflétant
une opinion partagée par
tous, quand le besoin se fait
sentir comme jamais d’une
résistance européenne des syndicats
à l’offensive libérale »
(18 octobre).
Comment comprendre ?
Peut-il y avoir une « résistance
européenne des syndicats
» sans se prononcer
clairement sur la « Constitution
» européenne ? Partisans
du oui et du non pourraient
ainsi, ensemble, dans « l’unité
», combattre « l’offensive
libérale » ? Cela signifierait
donc que le combat contre la
« Constitution » européenne
ne serait pas au cœur du
combat du mouvement
ouvrier pour préserver l’existence
et l’indépendance des
organisations.
Il y a bien eu à Londres un
forum, le week-end dernier. Social ? C’est une autre paire
de manches. Chacun peut en
juger.
LUCIEN GAUTHIER (semaine du 21 au 27 octobre 2004 - n°663)
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