Lutte de classe

 

 

Polémique avec le groupe bolchevik

 

 

Je n’ai pas l’habitude de me laisser insulter par quiconque sans répondre, et ma réponse est et sera toujours rendue publique. A chacun ses responsabilités, je prends les miennes.

 

Dans un courriel qui m'a été adressé par le Groupe bolchevik, le 12 juillet 2006, il est écrit que "Le texte sur l'Iran (disponible sur le site Lutte de classe) n'est pas du GB de France, comme annoncé, mais d'un regroupement international, le Collectif Révolution Permanente." Aurais-je commis une erreur en imputant au Groupe bolchevik ce texte et les positions détestables qu'il contient ? Une erreur est toujours possible, admettons-le.

 

Mais voilà, le 18 avril 2006, j'avais reçu un courriel me parlant d'un autre texte qui ne laissait aucun doute sur l'appartenance du Groupe bolchevik à ce regroupement intitulé Collectif Révolution Permanente, dont il partageait les positions, allant même jusqu'à me demander de m'y associer. Voici le passage en question de ce courriel :

 

"Je t'envoie le texte très court que le Collectif Révolution Permanente (LM Pérou, GG Espagne, GB France) a adopté à cet égard. Il ne prétend pas tout résoudre mais il indique une perspective ferme et claire à laquelle nous te proposons de t'associer."

 

Officiellement le groupe bolchevik fait bien partie de ce Collectif comme je viens de le prouver. Il diffuse ses déclarations et ses textes sur leur site Internet sans la moindre réserve, ce que tous les militants peuvent constater par eux-mêmes, et sous prétexte que je me permets de critiquer publiquement leur position sur l'Iran, voilà qu'ils prétendent maintenant qu'ils n'auraient rien à voir avec ce texte, avec ce groupe pour un peu. On peut parfaitement comprendre qu'ils ne supportent pas que nous démasquions si facilement derrière leur verbiage "bolchevik-léniniste", le pire opportunisme qui soit.

 

Ils poursuivent en voulant me faire passer pour un vulgaire manipulateur.

 

"Tu changes son titre, sans le dire à tes lecteurs", alors que le courriel que j'ai reçu, en dehors de l’en-tête de Yahoo suivi du texte en question ne comportait absolument aucun titre. Donc prétendre que je l'aurais changé n'a aucun sens. Mais peut-être aurait-il fallu que j'aille visiter leur site pour m'apercevoir qu'il y figurait un titre. Désolé, j'ai autre chose de plus important à faire que d'aller visiter le site d'un groupe qui ne présente visiblement aucun intérêt.

 

En l'absence de titre dans leur courriel, et il fallait bien en trouver un qui colle au texte. J'ai donc repris la phrase qui me paraissait la plus significative dans leur texte en guise de titre, tout en prenant la précaution de l'écrire en italique et en la plaçant entre guillemets

"l’Iran  a le droit de s’équiper en centrales électriques et de se doter de l’arme atomique.", pour finalement écrire : "L'Iran a le droit de se doter de l'arme atomique", ce qui respectait scrupuleusement les positions contenues dans ce texte nauséabond, chacun en conviendra sans difficulté. Bien entendu, il n'y avait aucune raison de reproduire ce titre dans le document au format html, donc il n'y figure pas, là encore les camarades peuvent le vérifier par eux-mêmes.

 

Est-il besoin de préciser aux camarades que dans l'ancienne version du site Lutte de classe, entre fin 2003 et mai 2005, j'avais reproduit plus de 2 000 articles d'Informations ouvrières sans qu'aucun militant me reproche d'avoir omis la moindre virgule, sans compter les centaines de textes d'horizons divers que j'ai toujours reproduits fidèlement. Il s'agit donc d'un procès d'intention qui m'est attenté par le groupe bolchevik.

 

On aura compris que fâchés d'être critiqués pour leur position en faveur de l'armement nucléaire des mollahs, ils cherchent à me nuire d'une façon ou d'une autre. La méthode est bien connue. Tels maîtres, tels disciples !

 

Je n'ose à peine vous dire qu'ils m'ont traité de "lambertiste". Ne vous marrez pas, j'ignore ce que cela veut dire, d'ailleurs je n'ai jamais employé ce qualificatif qui dans leur bouche à valeur d'insulte. On s'en tape finalement, la caravane passe !

 

Malhonnête, "lambertiste", comme si je n'avais déjà pas suffisamment de tares à mon actif, j'ignorerais tout du marxisme :

 

"dire que le monde ne sera délivré de la guerre que lorsque la victoire prolétarienne aura eu lieu dans les pays avancés ne s'opposer en rien à la lutte révolutionnaire des pays dominés. C'est le B-A-BA du marxisme. En général, ce genre de donneur de leçons ne fait pas beaucoup de sacrifices personnels pour aider des révolutionnaires des pays dominés.".

 

Entendez par là sans doute, que je me la coule douce sous les cocotiers ! Je me demande encore comment j'ai pu faire pour écrire plus de 80 textes en 2005, plus des centaines de courriels et actualiser le site plusieurs fois par semaine, trouver le temps de lire, etc. Ce genre de bassesse ne fait que confirmer mon opinion sur ce groupe.

 

Retenez-vous de rire, nous sommes face à un cas pathologique intéressant qui ravirait des étudiants en première année de psychologie. Quelle suffisance et quelle arrogance ! Inutile de répondre, chacun aura compris lequel d'entre nous se pose en donneur de leçons.

 

Le "B-A-BA du marxisme" doit consister à enseigner aux masses qu'elles doivent revendiquer la possession de la bombe atomique, drôles de marxistes, non ? Raison de plus pour les dénoncer avec virulence : infréquentables !

 

Par contre, prétendre que la révolution prolétarienne se produira obligatoirement dans "les pays avancés", c'est ignorer les enseignements de la lutte des classes. Les militants ont en tête les révolutions de 1905 et 1917 en Russie. A cette époque la Russie ne faisait pas partie des "pays avancés", son industrie était très faiblement développée, la paysannerie qui formait l'immense majorité du peuple russe était analphabète ou illettrée comme une bonne partie du prolétariat des villes, cela ne les a pas empêchés de prendre le pouvoir avec le parti bolchevik. Ah, ces "marxistes" qui ont la mémoire courte, qu'est-ce qu'ils ne voudraient pas nous faire croire !

 

J'ajouterais que dans l'état actuel des choses, il n'existe à proprement parlé aucun parti révolutionnaire dans le monde. Lénine et ses camarades ont mis moins de deux décennies pour construire un parti communiste et prendre le pouvoir dans un pays faiblement industrialisé. En comparaison, nos "marxistes révolutionnaires" n'ont pas réussi à construire le moindre parti digne de ce nom en plus d'un siècle, personne ne peut le contester. Cela mériterait, à mon avis, un peu de modestie et beaucoup de réflexions de la part de tous les militants, au lieu de se gargariser de déclarations péremptoires qui n'ont aucun sens et qui ne nous aide pas à avancer.

 

Nous sommes évidemment inconditionnellement et irréductiblement opposés à la prolifération nucléaire, qui est l'expression la plus achevée et la plus morbide  de la barbarie capitaliste.

 

Ce n'est pas notre seul désaccord de fond avec le groupe bolchevik. Ils sont fermement opposés à la Charte d'Amiens de 1906 qu'ils condamnent et que nous défendons.

 

D'après eux : " (...) la QI (quatrième internationale) condamnaient clairement l'arriération des syndicalistes partisans de la Charte d'Amiens." et "Voir associer la défense de la Charte d'Amiens à la faucille et au marteau de la 4e Internationale n'est pas très sérieux.". En passant, la IVe Internationale n'a jamais dépassé le stade embryonnaire d'une internationale ouvrière, ce que semble ignorer le groupe bolchevik. Quant à la Charte d'Amiens, elle a le mérite de relier le combat pour la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs au combat pour en finir avec le capitalisme.

 

On aurait pu penser qu'elle aurait pu servir de garde-fou à toute dérive réformiste d'adaptation au capitalisme, ce fut sans doute la préoccupation de ses rédacteurs, mais l'immaturité politique des dirigeants du mouvement ouvrier, notamment, a conduit à dénaturer, puis à abandonner l'objectif final qu'elle s'était fixée "il (le syndicalisme) prépare l'émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste", pour finalement sombrer dans le trade-unionisme. Préparer, tout comme relier, le terme que j'ai employé dans le paragraphe précédent, cela ne veut pas dire réaliser par ses propres moyens, encore faut-il être capable de distinguer la différence entre les deux ou de savoir lire tout simplement.

 

Ce n'est donc pas la Charte d'Amiens en soi qu'il faut condamner sous prétexte qu'elle aurait failli, mais les positions défendues par ceux qui s'en revendiquent tout en la trahissant quotidiennement. Thibault et Mailly osent encore s'en réclamer, c'est pour dire !

 

La situation actuelle du prolétariat et du mouvement ouvrier dans son ensemble n'est pas le produit de l'application de la Charte d'Amiens par les militants, mais au contraire, de son abandon, de sa trahison.

 

Placer le combat syndical dans la perspective du combat politique indispensable pour en finir avec le capitalisme, comme le soutenait Lénine, ce n'est pas la même chose que de prétendre que le combat syndical peut aboutir à lui seul au renversement du capitalisme. Cette confusion est à l'origine de bien des égarements politiques et bien des reniements, comme c'est le cas à la LCR, à LO et au PT. Bien entendu personne ne le dit aussi ouvertement, mais dans la pratique, la plupart des révolutionnaires tombent dans ce piège. Le jour où ils l'auront compris, nous pourrons peut-être avancer ensemble, je ne donne pas ici de leçon, j'exprime simplement ma conviction.

 

Je vais peut-être en faire bondir plus d'un, mais personnellement je pense que le combat contre la fermeture d'une école, d'une maternité, d'un bureau de poste, etc., s'il ne rapporte rien en terme de construction du parti, s'il n'est pas relié à la question centrale du combat contre le gouvernement, les institutions et le régime capitaliste, il tient tout juste de justificatif au réformisme, il alimente les illusions des masses et s'inscrit dans la logique même du réformisme. Ce que je viens de dire est parfaitement conforme à la réalité, puisque pour une école sauvée des centaines sont fermées, d'autre part, cela ne favorise pas la prise de conscience de la nécessité d'en finir avec le capitalisme, sinon cela se saurait et se verrait depuis le temps.

 

Plus généralement, on nous dit aussi que nous ne sommes pas comptables de l'échec de tel ou tel combat, que seuls les appareils en seraient responsables. Je ne partage pas cet avis.

 

En lisant le contenu de tracts ou d'appels qui se veulent à caractère politique, on se rend compte au premier coup d’œil qu'ils comportent bien une revendication spécifique, mais que cela ne va pas plus loin, comme si la satisfaction d'une revendication serait le but en soi du combat politique, alors que c'est celui du combat syndical qui se situe exclusivement sur le terrain économique et social.

 

C'est bien la preuve d'une dérive réformiste ou trade-unioniste, comme vous voudrez, de l'abandon du combat politique pour en finir avec le capitalisme au profit du seul combat pour des revendications ponctuelles sociales ou économiques, qui, comme chacun sait, seront remises en cause à un moment donné, et qui de fait, ne dépasse jamais le cadre étroit de ce qui peut être réalisable immédiatement, donc il s'agit bien d'une adaptation au capitalisme qui ne veut pas dire son nom.

 

A l'inverse, mettre exclusivement en avant des mots d'ordre politiques consistant à dénoncer le gouvernement, les institutions et le régime, sans les articuler aux revendications économiques et sociales, aux préoccupations du moment des masses, et sans les relier aux moyens concrets à mettre en oeuvre pour que cette politique existe vraiment, c'est sombrer dans le gauchisme. C'est se leurrer sur la capacité des masses d'intégrer d'un coup, immédiatement, l'essentiel des tâches que la révolution prolétarienne aura à accomplir, c'est aussi vouloir nous faire croire que le prolétariat pourrait prendre le pouvoir sans aucune préparation, sans posséder le moindre organe indépendant centralisé lui permettant de revendiquer le pouvoir politique (les comités ou soviets). C'est faire la démonstration que l'on n'a rien appris ou retenu des expériences passées de la lutte des classes.

 

La confusion ou les errements politiques que révèle l'existence de ces deux tendances, domine en toile de fond toutes les discussions politiques auxquelles j'ai participé ou dont j'ai été témoin ces derniers temps. Elles manifestent très clairement chacune à leur façon, que nous ne sommes pas simplement confrontés à des divergences sur la tactique ou la stratégie à adopter. En réalité, nous devons affronter un problème de fond qui repose en grande partie sur notre incapacité à intégrer dans nos analyses deux facteurs essentiels, d'une part, l'évolution du capitalisme au cours du XXe siècle, et d'autre part, les raisons objectives et subjectives qui ont contribué et qui contribue encore aujourd'hui à sa survie, autrement dit, les raisons du retard de la prise du pouvoir par le prolétariat, autrement dit, son incapacité à se doter d'une nouvelle direction, un parti révolutionnaire.

 

Dire que nous nous sommes écartés du programme de la révolution prolétarienne ne résout rien. C'est bien de le dire quand même, puisqu'un nombre important de militants n'en ont pas encore pris conscience. Par contre, il est généralement admis, certains le répètent à loisirs, que nous vivons une période difficile, que les choses sont bien compliquées et autres fadaises du même genre qui au bout du compte servent uniquement à essayer de camoufler leur propre faillite politique ou à justifier leur propre capitulation devant la bourgeoisie dans le meilleur ou le pire des cas. 

 

Vous comprendrez parfaitement pourquoi le Groupe bolchevik n'a pas daigné de sa hauteur répondre à la modeste initiative que j'avais lancée en direction des différents groupes issus du PCI-PT. Visiblement, la paranoïa n'est pas l'apanage de l'appareil du PT.

 

En tenant de telles positions, en utilisant de telles méthodes, il est évident qu'il est totalement impossible d'entrevoir la moindre confrontation loyale et honnête des positions des uns et des autres, ce qui vaut pour ce groupe, vaut pour bien d'autres.

 

A ce jour, parmi les groupes de militants issus du PCI-PT, seuls les groupes CRI, CCI-T et CPS-Comité acceptent de poursuivre une discussion libre et fraternelle avec nous, je tenais à le préciser aux militants qui nous lisent.