Examen par région

Afrique

Afrique du Nord

Les semis de céréales d’hiver sont en cours mais le Maroc continue de souffrir d’un temps sec

Les semis du blé et des céréales secondaires de la campagne d’hiver de 2008 sont en cours dans toute la sous-région. Dans les zones productrices du nord-est, une pluviosité satisfaisante et des températures douces ont été favorables aux semis. Au Maroc toutefois, où les réserves d’humidité des sols sont aujourd’hui très réduites après la sécheresse de la campagne précédente, à ce jour les précipitations n'ont pas été assez abondantes et l’humidité reste insuffisante pour semer à grande échelle. La production totale de blé de la sous-région pour 2007 s’établirait à 13,5 millions de tonnes, soit une baisse de 28 pour cent par rapport à la bonne récolte de 2006 et un niveau inférieur à la moyenne. Au Maroc, pays le plus touché par la sécheresse, la production de blé s’est effondrée de 76 pour cent par rapport à l’an dernier, atteignant son plus faible niveau des cinq dernières années. En Égypte, plus grand producteur de la sous-région où la plupart des cultures de blé sont irriguées, la production s’est contractée à un niveau moyen, s'établissant à environ 7,4 millions de tonnes après la récolte abondante de 2006. Toujours du fait de la sécheresse, la récolte de céréales secondaires de la sous-région s’établirait en 2007 à 10,8 millions de tonnes, soit environ 8 pour cent de moins que la moyenne des cinq dernières années.

Les gouvernements de la sous-région prennent des mesures pour contrer l’augmentation des prix alimentaires

Les pays nord-africains sont fortement tributaires des importations de blé du marché international pour couvrir leurs besoins de consommation. Au cours des cinq dernières années, l’Algérie, l’Égypte et le Maroc ont respectivement importé environ 66, 50 et 36 pour cent de leur utilisation totale de blé. La flambée des cours sur les marchés mondiaux a alourdi les factures d’importation et entraîné une hausse des prix intérieurs du pain et des autres aliments de base, provoquant des troubles sociaux dans la plupart des pays de la sous-région. Au Maroc, le niveau extrêmement faible de la production intérieure en 2007 a aggravé ce problème. Les gouvernements ont mis en œuvre une série de mesures visant à compenser la montée en flèche des cours mondiaux: levée des droits de douane, contrôle des prix, subventions. Le Maroc a récemment baissé les droits de douane sur le blé, qui atteignent leur plus bas niveau historique, l' Égypte augmentant pour sa part sensiblement les subventions alimentaires. L'impact de ces mesures sur la sécurité alimentaire doit encore être évalué.

Tableau 7. Production céréalière de l'Afrique ( en millions de tonnes)
  Blé Céréales secondaires Riz (paddy) Total céréales
  2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév.
Afrique 20.9 25.0 19.7 100.2 104.6 100.1 20.4 21.9 21.7 141.5 151.6 141.5
Afrique du
Nord
15.3 18.7 13.5 11.7 12.5 10.8 6.2 6.8 6.7 33.2 37.9 31.0
Égypte8.28.37.48.77.98.06.16.86.723.023.022.0
Maroc3.06.31.51.32.70.70.00.00.04.39.12.2
Afrique de
l'Ouest
0.1 0.1 0.1 39.8 43.2 41.2 8.8 9.3 9.0 48.7 52.6 50.3
Nigéria0.10.10.122.424.822.93.64.03.926.028.926.8
Afrique
centrale
0.0 0.0 0.0 3.1 3.3 3.2 0.4 0.4 0.4 3.5 3.7 3.6
Afrique de
l'Est
3.3 3.8 4.1 26.8 29.2 27.9 1.4 1.6 1.6 31.5 34.5 33.7
Éthiopie2.32.63.011.012.211.60.00.00.013.414.814.6
Soudan0.40.70.85.15.95.30.00.00.05.66.66.1
Afrique
australe
2.2 2.5 2.0 18.8 16.5 16.9 3.7 3.8 3.9 24.6 22.7 22.8
Madagascar0.00.00.00.40.30.43.43.53.63.83.84.0
Afrique du Sud1.92.11.712.37.37.50.00.00.014.29.49.2
Zimbabwe0.10.20.11.11.71.00.00.00.01.21.91.2
Note: Total obtenu à partir de chiffres non arrondis.

 

Afrique de l'Ouest

Les missions conjointes d'évaluation des récoltes CILSS/FewsNet, réalisées dans neuf pays du Sahel (Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad), ont récemment pris fin. Elles ont examiné l’évolution de la campagne agricole 2007 et les estimations préliminaires de production céréalière préparées par les services de statistique agricole nationaux. Cette année, cet exercice a été étendu à trois pays côtiers: le Bénin, le Ghana et le Nigéria. La FAO a participé à certaines de ces missions.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

Une nouvelle bonne production céréalière dans la plupart des pays du Sahel en 2007 mais des perspectives moins favorables dans les pays côtiers

Selon des résultats préliminaires, une assez bonne récolte est en cours au Sahel malgré les pluies irrégulières enregistrées cette année. La production céréalière totale des neuf pays pour 2007 est provisoirement estimée à 14,9 millions de tonnes, principalement du mil et du sorgho (voir la Figure 2), ce qui est légèrement en deçà de la production exceptionnelle enregistrée l’an dernier, mais représente toujours environ 12 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. Au niveau national, des récoltes supérieures à la moyenne sont prévues dans l’ensemble des pays du Sahel à l’exception du Cap-Vert et du Sénégal où, en comparaison avec la moyenne des cinq dernières années, la production devrait respectivement reculer de 46 pour cent et 11 pour cent (voir l'encadré).

Dans les pays du Golfe de Guinée, des récoltes généralement moins bonnes sont escomptées, notamment au nord du Nigéria, où la production de céréales secondaires devrait reculer sensiblement en raison de pluies tardives et mal réparties, de même qu’au Ghana où des inondations ont fait suite à une longue période de sécheresse, affectant gravement les récoltes durant la campagne. Le Nigéria est le principal producteur d’Afrique de l’Ouest. Compte tenu de la forte intégration des marchés de la sous-région, une réduction de la production céréalière de ce pays peut provoquer une hausse des prix des céréales dans d’autres pays plus pauvres et plus vulnérables d’Afrique de l’Ouest. Certaines informations font déjà état d’augmentations de prix dans le Nord du Nigéria et le SMIAR continuera à surveiller attentivement les tendances de prix dans les pays voisins. Un autre courant d’échanges important relie le Burkina Faso au Ghana. La réduction de la production dans le nord du Ghana devrait donc être compensée par les flux en provenance du Burkina Faso.

 

La succession de mauvaises récoltes et les cours élevés menacent la sécurité alimentaire dans l'ouest du Sahel

Au Cap-Vert, la production de maïs (qui est presque la seule céréale cultivée dans le pays) a été fortement restreinte par des pluies réduites et irrégulières pour la troisième année successive. La production de haricots, un autre aliment important, dont la culture est généralement intercalée avec celle du maïs, a également été gravement affectée par les mauvaises conditions de végétation.

Bien que le Cap-Vert soit un pays à déficit vivrier et qu’il importe généralement la plus grande partie de ses besoins de consommation, toute insuffisance de production intérieure peut avoir de graves conséquences sur la sécurité alimentaire des petits producteurs, ces derniers consommant habituellement la totalité de leur récolte, qui constitue une part importante de leur alimentation. Après trois années de production réduite, de nombreux paysans se trouvent dans une situation de vulnérabilité accrue.

En outre, la réduction de l’aide alimentaire pourrait aujourd’hui peser sur la mise en œuvre du programme de protection sociale national. Jusqu’à une date récente, l’aide alimentaire jouait un rôle important dans la politique alimentaire du Cap-Vert, représentant certaines années plus de 50 pour cent de la consommation totale de céréales. La monétisation de l’aide alimentaire en vue de financer les activités de type « travail contre rémunération » a constitué le principal outil utilisé par le gouvernement pour traiter les crises alimentaires. Toutefois, la quantité d’aide alimentaire a fortement reculé ces dernières années en raison de divers facteurs, notamment le fait que le Cap-Vert soit désormais classé parmi les pays moyennement développés et non plus parmi les pays les moins développés et que plusieurs donateurs favorisent aujourd’hui l’appui budgétaire direct. Fin septembre, le pays avait reçu seulement 3 500 tonnes d'aide alimentaire en 2007 contre 22 000 tonnes l'an dernier à la même période. En outre, l’importation et la distribution de nourriture, qui étaient administrées par un organisme alimentaire para-étatique, ont été totalement libéralisées, augmentant l’exposition du marché alimentaire national à la variabilité des marchés de produits internationaux. Durant l’année commerciale 2007/08, la situation alimentaire sera donc tributaire de deux principaux facteurs: (i) La capacité du gouvernement à financer et à mettre en œuvre à court terme un programme de protection sociale efficace, à porter assistance aux populations affectées et à rétablir leur capacité de production pour la prochaine campagne agricole, et (ii) l’évolution des prix alimentaires sur les marchés mondiaux et les actions que le gouvernement peut entreprendre pour atténuer leur impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs.

Au Sénégal, la récolte est encore une fois médiocre et la production de céréales de 2007 accuserait un recul de 11 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Une grande partie de la population rurale, qui souffre déjà des effets de la faible production enregistrée l’an dernier, a une nouvelle fois rentré de mauvaises moissons du fait de conditions météorologiques défavorables. Leur sécurité alimentaire demeurera précaire et pourrait même détériorer encore durant l'année commerciale 2007/08 en raison de prix alimentaires élevés et en augmentation. Le Sénégal est un pays à déficit vivrier dont seule la moitié environ des besoins en utilisation de céréales est couverte par la production nationale. Il est ainsi fortement tributaire des importations de riz et de blé du marché international, qui représentent en moyenne environ 900 000 tonnes par an. Par conséquent, les prix des denrées alimentaires sont un facteur clé pour l’accès à la nourriture de la majorité de la population. Dans le contexte de marchés mondiaux tendus, une moindre production nationale pourrait exercer une forte pression inflationniste sur le marché alimentaire national et affecter le pouvoir d’achat des consommateurs urbains et ruraux.

La Mauritanie devrait également être gravement touchée par la flambée des cours internationaux, car elle souffre d’une forte dépendance aux importations et d'un faible revenu par habitant.

 

Afrique centrale

Au Cameroun et en République centrafricaine, la deuxième moisson de maïs de 2007 (cultures semées entre les mois de mars-avril) est sur le point de débuter dans le sud et les perspectives sont globalement favorables du fait de la pluviosité satisfaisante enregistrée tout au long de la campagne. Dans le nord, caractérisé par une saison des pluies unique, les récoltes de mil et de sorgho sont en cours et la production devrait être proche de la moyenne. Alors que la situation des disponibilités vivrières est dans l’ensemble satisfaisante au Cameroun, l’insécurité persistante et le manque d’intrants agricoles continuent de peser sur la sécurité alimentaire de la République centrafricaine, notamment dans le nord du pays.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

Afrique de l'Est

De bonnes récoltes céréalières sont enregistrées en 2007 dans la majeure partie de la sous-région

En Afrique de l’Est, les récoltes céréalières de la campagne principale de 2007 sont terminées, ou sont sur le point de l’être, dans tous les pays de la sous-région. En dépit des inondations enregistrées plus tôt durant la campagne dans certaines parties du Soudan, de l’Érythrée, de l’Éthiopie et de l’Ouganda, qui ont fait plusieurs victimes et ont provoqué de graves pénuries alimentaires localisées, les perspectives de récolte sont favorables et des moissons supérieures à la moyenne ont été rentrées, ou sont en train de l’être dans la plupart des pays. La production céréalière totale de la sous-région en 2007 est provisoirement estimée à 34 millions de tonnes, un chiffre légèrement en deçà des rendements record de 2006 mais supérieur de 17 pour cent à la moyenne des cinq années précédentes.

La Somalie représente la principale exception de ce tableau globalement satisfaisant de l’alimentation de la sous-région. La production de la campagne principale «Gu», rentrée plus tôt durant la période, est estimée à environ 49 000 tonnes, ce qui représente seulement un tiers de la moyenne enregistrée durant la période d’après guerre 1995-2006 et le plus mauvais rendement en treize ans. Cette réduction s’explique largement par la sécheresse ainsi que par le conflit en cours et la grave insécurité qui prévaut depuis le début de 2007. Du fait de l’association de ces différents facteurs, le pays est aujourd'hui le théâtre de l’une des plus graves crises humanitaires du continent africain. Actuellement, 1,5 million de personnes ont besoin d’une aide humanitaire urgente. La situation humanitaire est aggravée par l’augmentation continue du prix des aliments de base qui restreint l’accès à l’alimentation des familles déplacées et pauvres qui ont perdu leurs activités rémunératrices et disposent de stocks alimentaires limités. Cette hausse des prix s’explique principalement par le dérèglement des marchés et la dépréciation du shilling somali par rapport au dollar EU, la devise nationale s’étant contractée de 50 pour cent depuis janvier dans la Vallée de Shabelle, épicentre de la crise humanitaire actuelle. Les perspectives sont favorables pour la campagne céréalière secondaire «deyr», dont les récoltes auront lieu à partir de février 2008. Après un début tardif, les pluies se sont accrues dans le sud de la Somalie, profitant aux cultures au stade de développement. Une bonne récolte de la campagne «deyr» est nécessaire pour améliorer la sécurité alimentaire de la région. Les besoins d’importations céréalières pour l’année commerciale en cours (qui se termine en juillet 2008) devraient augmenter de quelque 10 pour cent à 480 000 tonnes.

Au Soudan, du fait de conditions de végétation favorables, les perspectives sont bonnes pour la moisson de céréales secondaires de 2007, encore en cours. Les précipitations ont été supérieures à la normale et les disponibilités d’intrants agricoles ont varié de normales à supérieures à la normale. Toutefois, après la récolte exceptionnelle de l'année dernière, les semis sont revenus à des niveaux proches de la normale durant cette campagne et la production devrait accuser un léger recul, demeurant toutefois supérieure à la moyenne des cinq années précédentes. Les surfaces allouées aux cultures de blé, dont les semis sont en cours en vue d'une récolte en mars 2008, ont été augmentées d’environ 13 pour cent à 347 000 hectares.

Du fait de la poursuite des violences au Darfour, l’insécurité, les déplacements et les pertes de moyens d'existence devraient se poursuivre et les taux de malnutrition se détériorer au cours des prochains mois en raison d'un accès insuffisant à l'alimentation. Une mission FAO/PAM d’évaluation après récolte devrait se rendre dans le nord du Soudan en début d’année prochaine afin d’examiner les estimations de la production de céréales secondaires de 2007, la récolte de blé de 2008 et d’étudier le bilan de l’offre et de la demande de céréales pour 2008.

Malgré un excédent céréalier global dans le sud du Soudan, les possibilités commerciales intérieures sont limitées

Selon la mission conjointe FAO/PAM d'évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire qui s’est récemment rendue dans le sud du Sudan, la production céréalière de 2007 dans le sud du pays serait légèrement plus importante que l'an dernier et les rendements, supérieurs à la normale. Cependant, l’augmentation prévue de la production ne satisfaisant pas totalement les besoins des personnes rapatriées de plein gré ou dans le cadre d’opérations organisées, les disponibilités vivrières en 2007/08 dans le sud du Soudan devraient globalement afficher un solde négatif. De plus, l'absence d’infrastructures et d'un réseau commercial développé limitera le transfert de larges quantités de céréales depuis certaines zones excédentaires vers les zones déficitaires du Nil supérieur, du Jonglei, de l’Unité, de l’Equatoria oriental et de Bahr el Ghazal.

En Éthiopie, les perspectives demeurent favorables pour la principale campagne «meher» de 2007, dont la récolte est en cours. La production devrait être légèrement inférieure à celle de l’an dernier mais environ 20 pour cent supérieure à sa moyenne sur cinq ans. Malgré l'allégement des restrictions pesant sur les échanges dans la région des Somalis, les ménages continueront dans une grande partie de la région d'être exposés à l'insécurité alimentaire en raison des troubles civils. Dans la plus grande partie du reste du pays, la bonne récolte prévue devrait améliorer la sécurité alimentaire. Toutefois, la sécurité alimentaire des ménages les plus pauvres continue d’être affectée par le niveau élevé des prix alimentaires, qui ont augmenté durant les deux dernières années malgré trois années consécutives de bonnes récoltes.

En Ouganda, les perspectives sont favorables pour la campagne secondaire de céréales secondaires, dont la récolte est en cours. La production céréalière totale de 2007 devrait rester similaire à celle de l’an dernier et être légèrement supérieure à la moyenne des cinq dernières années. D’une manière générale, les bons rendements de la campagne principale, rentrée plus tôt dans l’année, ont accru les disponibilités vivrières des marchés et les prix restent abordables pour la plupart des ménages. Cependant, à l'est du pays, où de fortes pluies se sont abattues plus tôt dans l'année en provoquant des dégâts et le déplacement de centaines de familles, la population affectée va être confrontée à une insécurité alimentaire modérée début 2008, en particulier dans la région de Teso. La population à risque, y compris les personnes déplacées à l’intérieur du pays, atteindrait quelque 1,4 million de personnes. Elle reste particulièrement exposée à l’insécurité alimentaire et largement tributaire du soutien humanitaire.

Au Kenya, la moisson des céréales de la campagne des longues pluies de 2007 est terminée. Du fait de conditions météorologiques favorables et de l'expansion des semis, la production devrait augmenter d’environ 200 000 tonnes pour s’établir à 2,6 millions de tonnes. Les perspectives de récolte pour la campagne des petites pluies sont également optimistes. Elle compte habituellement pour environ 20 pour cent de la production céréalière totale et la moisson se déroulera à partir de février prochain. Des récoltes céréalières supérieures à la moyenne étant prévues, les approvisionnements vivriers nationaux sont bons et les prix du maïs devraient fléchir début 2008. La sécurité alimentaire des pasteurs touchés par la sécheresse s’est améliorée dans de nombreuses régions, une tendance qui devrait se poursuivre tant que les précipitations saisonnières continuent. Cependant, une aide alimentaire continue d'être apportée à de nombreux d'habitants des zones pastorales affectés par la précédente sécheresse et par la persistance des conflits pastoraux.

En République-Unie de Tanzanie, la production de la récolte principale de céréales secondaires de 2007, rentrée plus tôt dans l’année, serait similaire à la celle de l’année dernière. Elle s’établirait à quelque 4 millions de tonnes, un niveau supérieur à la moyenne. Les semis des cultures secondaires, dont la récolte aura lieu en début d’année prochaine, se sont terminés dans de bonnes conditions météorologiques globales. Les disponibilités en eau et en pâturages restent supérieures à la normale. La situation des disponibilités vivrières est donc globalement satisfaisante. Les marchés apparaissent correctement approvisionnés et, dans les zones rurales, les stocks des exploitations agricoles sont suffisants, sauf dans des zones localisées de 22 districts touchés par les inondations ou un arrêt précoce des pluies. Malgré une bonne disponibilité générale, pour de nombreux aliments, les prix de gros sur le marché sont supérieurs à ceux de l’année dernière, témoignant de la hausse des coûts de transport due à l’augmentation du carburant ainsi qu'aux campagnes lancées par le gouvernement pour promouvoir les méthodes de pesée standard lors de l’achat de récoltes à la ferme. Ces prix élevés pourraient restreindre l’accès à l’alimentation pour des ménages à faible revenu des zones urbaines.

En Érythrée, les perspectives de la principale culture céréalière, dont la récolte est en cours, sont bonnes, du fait que les conditions de végétation comptent parmi les meilleures des huit dernières campagnes. La production devrait être identique à celle de l’année dernière, soit quelque 230 000 tonnes, un niveau nettement supérieur à la moyenne des cinq dernières années. Cependant, le pays est largement tributaire des importations - principalement commerciales - pour couvrir l’ensemble de ses besoins de consommation céréaliers, qui représentent environ 550 000 tonnes. Malgré une bonne production nationale, les prix des céréales demeurent élevés, affectant la sécurité alimentaire de segments importants de la population.

Les prix des céréales ont affiché des tendances mitigées dans la sous-région

Au Kenya, le prix du maïs (Figure 3), qui était resté stable les mois précédents, a fluctué sur le marché de Nairobi de 199 à 202 dollars EU la tonne entre mai et septembre, avant d’augmenter en octobre et novembre à 210 et 211 dollars EU la tonne. Les cours ont réagi aux déclarations du gouvernement qui a annoncé un prix d’achat de 215 dollars EU la tonne pour la récolte récemment engrangée. Les répercussions de l’augmentation des prix à l’importation ont également affecté le marché. Cependant, les prix ont commencé à baisser dans les principales régions productrices de maïs et devraient également baisser à Nairobi, reflétant les bonnes disponibilités vivrières.

En République-Unie de Tanzanie, les prix de gros du maïs à Dar-es-Salam, assez peu élevés depuis le début de l’année (123 dollars EU la tonne en moyenne), se sont envolés depuis le mois d’août, pour s’établir à 237 dollars EU la tonne en novembre. Cette hausse s’explique par la forte demande des pays voisins ainsi que par la hausse des coûts du transport dans le sillage de l’envolée mondiale des carburants. De plus, la décision du gouvernement de la République-Unie de Tanzanie d’acheter aux agriculteurs situés dans les zones éloignées excédentaires 30 000 tonnes de céréales alimentaires pour les affecter aux réserves nationales, a contribué à soutenir les cours. Cependant, les prix ont chuté sur les marchés des régions productrices de maïs des hautes-terres du sud et devraient également baisser dans la capitale au cours des prochains mois, conséquence de la bonne récolte enregistrée cette année.

En Ouganda, les prix qui baissaient constamment depuis le début de l’année et étaient faibles en septembre, ont flambé en octobre malgré des disponibilités abondantes. Cela a été imputé au fait que les organismes humanitaires ont acheté moins de maïs.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

En Éthiopie, les prix des céréales et autres denrées ont affiché des niveaux inhabituellement élevés depuis le début de l’année 2004, malgré plusieurs récoltes abondantes consécutives. Les prix ont poursuivi leur ascension en dépit des mesures prises par le gouvernement en mars 2006 pour les stabiliser, qui comprenaient des ventes à prix subventionnés pour les personnes dans le besoin de certaines zones urbaines, l’interdiction des exportations de céréales et différentes mesures d’ordre financier. Le rythme de cette augmentation s’est très fortement emballé avant la récolte de la campagne principale de 2007, qui a débuté en novembre, les prix de gros du maïs et du blé atteignant dans la capitale des niveaux record à 248 et 326 dollars EU la tonne respectivement (voir la Figure 4). Cette tendance pourrait notamment s’expliquer par les facteurs suivants: la croissance des revenus, alimentée par l’augmentation rapide des dépenses publiques, les crédits commerciaux, les recettes d'exportation et les transferts sous la forme d'envois de fonds, la rétention des stocks céréaliers par les petits agriculteurs et la diminution de la quantité d'aide alimentaire distribuée dans le pays. Contrairement à l’année 2006, durant laquelle aucune baisse significative des prix n’avait été enregistrée après récolte, pendant les premières semaines de novembre de cette année, le prix de gros du maïs à Addis Abeba a baissé d’environ 20 pour cent par rapport à la moyenne des trois derniers mois, à 243 dollars EU la tonne.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

Afrique australe

La campagne céréalière de 2008 débute bien

Les semis des céréales de la campagne principale de 2007/08, principalement de maïs, sont en cours. Les pluies tombées pendant la dernière décade d’octobre et en novembre ont été généralement bénéfiques aux semis, de fortes pluies s’étant abattues en Angola et dans certaines zones localisées de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe. Dans la sous-région, les semis de maïs et d’autres céréales vont se poursuivre jusqu’à la fin du mois de décembre. S’agissant de l’Afrique australe, les prévisions de pluie à long terme pour la campagne de végétation principale de 2008 sont globalement positives.

Même s’il est trop tôt pour évaluer les semis de la sous-région de cette année, une étude menée en Afrique du Sud sur les intentions de semis des agriculteurs indique que la superficie allouée au maïs pourrait augmenter pour passer du niveau inférieur à la moyenne de l'année dernière, de 2,55 à quelque 2,67 millions d'hectares, en raison de prix élevés sur les marchés nationaux et internationaux.

Des besoins d’importations céréaliers plus importants en 2007/08 et un déficit significatif au Zimbabwe

Dans la sous-région, la production totale de céréales de 2007 devrait être légèrement plus importante que l’année précédente, où elle était proche de la moyenne. Cela s’explique par la deuxième mauvaise récolte consécutive enregistrée en Afrique du Sud, qui est de loin le plus important producteur, et une production totale satisfaisante dans les autres pays. Cependant, même si plusieurs pays ont rentré des récoltes exceptionnelles, en particulier le Malawi, la production a été réduite dans les pays importateurs nets de produits agricoles (Zimbabwe, Lesotho, Swaziland et Botswana). Il s’ensuit que malgré la hausse de la production totale de céréales enregistrée cette année (excepté en Afrique du Sud), les besoins totaux d’importations céréalières pour l’année commerciale 2007/08 (avril/mars dans la plupart des cas) devraient être supérieurs de quelque 15 pour cent à l’année précédente, s’établissant à 4,36 millions de tonnes, dont 614 000 tonnes destinées à l’aide alimentaire (Figure 5). Le Zimbabwe compte pour presque un quart des importations totales prévues, en raison du net recul de la production céréalière de cette année.

Au regard des besoins totaux d’importations céréalières destinées à l’aide alimentaire pour 2007/08 (avril/mars), les annonces ou les livraisons sont estimées à 394 000 tonnes jusqu’au début novembre, soit quelque 64 pour cent des besoins. Les besoins totaux d’aide alimentaire en céréales, établis à quelque 614 000 tonnes, sont moins importants que l’aide alimentaire annuelle moyenne des cinq dernières années, qui représente environ 708 000 tonnes.

Disponibilités vivrières régionales satisfaisantes

Globalement, pour cette année commerciale, la disponibilité de maïs est plutôt satisfaisante en Afrique australe. On prévoit un excédent exportable important au Malawi (environ 1 million de tonnes), en Afrique du Sud (environ 1 million de tonnes), en Zambie (environ 250 000 tonnes) et au Mozambique (environ 150 000 tonnes). Ces chiffres sont à rapprocher des besoins d’importations totaux de maïs de la sous-région (besoins commerciaux et d’aide alimentaire tant pour le maïs blanc que le maïs jaune) de 2,6 millions de tonnes. Les achats locaux et régionaux d’aide alimentaire, directs ou par le biais d’arrangements tripartites, sont donc fortement recommandés.

Conséquence des prix internationaux élevés, de la récolte réduite rentrée par l’Afrique du Sud, principal producteur, et des moissons inférieures à la moyenne de plusieurs pays, les cours du maïs sont supérieurs à leur niveau de l’année dernière dans la plupart des pays de la sous-région, à l’exception du Malawi (Figure 6), et poursuivent leur ascension générale entamée durant les mois d’avril et mai, après la récolte. En Afrique du Sud, le prix au comptant Randfontein du maïs blanc est passé de 1 652 rands/tonne (235 dollars EU/tonne) en mai 2007 à un plus haut de 1 862 rands/tonne (253 dollars EU/tonne) en septembre 2007, reculant légèrement et sans doute provisoirement en octobre pour s’établir à 1 820 rands. Les prix SAFEX sur les marchés à terme tablent sur la poursuite de cette tendance positive jusqu’au mois de mars 2008. Les cours élevés enregistrés en Afrique du Sud, principal pays exportateur de la région, ont affecté les prix intérieurs des autres pays importateurs de la région, en particulier le Swaziland, le Lesotho et le Zimbabwe.

En revanche, au Malawi, grâce à une récolte de maïs exceptionnelle, les prix après la récolte sont nettement inférieurs à ceux constatés ces deux dernières années.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

À Madagascar, les prix du riz, principale denrée alimentaire, doivent être surveillés attentivement. En effet, les cours actuels se sont maintenus à des niveaux bien plus élevés que l’année précédente, malgré une hausse de la production en 2007, et pourraient atteindre les niveaux qui ont provoqué une grave crise de l’an dernier. Il apparaît nécessaire d’augmenter les importations de riz afin d’éviter que son prix continue de s’emballer.

Asie

Extrême-Orient

Une récolte de céréales record pour 2007 et des rendements exceptionnels enregistrés en Chine et en Inde

La récolte principale de céréales secondaires est terminée ou est sur le point de l’être. Selon les dernières informations disponibles, le paddy devrait enregistrer en 2007 une production totale record de 580 millions de tonnes, soit légèrement plus que l'année dernière. La production totale de maïs devrait s’élever à quelque 198,1 millions de tonnes, soit un peu plus que la récolte déjà abondante rentrée l'an dernier. La récolte de la campagne secondaire de blé de printemps/d’été de 2007 vient juste de se terminer, tandis que la principale récolte d’hiver a été rentrée plus tôt dans l’année. La production totale de blé de la sous-région en 2007 est estimée à 207 millions de tonnes, soit une hausse de 4 pour cent par rapport à la bonne récolte de l’an dernier et 10 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. L’essentiel de cette hausse est imputable à l’Inde. Les semis des cultures de blé d’hiver de 2008 sont en cours ou achevés dans la plupart des pays producteurs de blé de la sous-région. Il bénéficie jusque là de conditions favorables et des emblavures plus importantes sont escomptées en réponse aux prix élevés.

En Chine ( continentale), la récolte de riz tardif et de céréales secondaires est terminée. Selon les estimations, la production totale de paddy demeurerait stable en 2007, à 184 millions de tonnes, soit environ 1 pour cent de plus que l’an dernier. La récolte de maïs est terminée. Pour 2007, la production totale de cette céréale est estimée à 148 millions de tonnes, soit quelque 2,5 millions de tonnes de plus que le niveau record enregistré en 2006, reflétant l’augmentation de la surface ensemencée, du fait de bénéfices relativement supérieurs et de bonnes conditions climatiques. La production totale de blé de 2007 aurait atteint un niveau record à 106 millions de tonnes. Globalement, la production céréalière chinoise de 2007 devrait atteindre quelque 449 millions de tonnes, soit une hausse d’environ 1,2 pour cent par rapport à l’année dernière et de 9 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. De ce fait, le pays devrait augmenter ses exportations nettes de céréales en 2007 tandis que les stocks finaux augmenteraient en 2007/08.

Les semis de la récolte de blé d’hiver de 2008 sont terminés dans les principales régions productrices de la Chine. Selon les estimations, les emblavures seraient légèrement supérieures à celles de l’an dernier, très importantes, conséquence des prix élevés du blé et de la poursuite des aides publiques pour la production de céréales. Les conditions de végétation des principales provinces productrices sont quasiment normales et les réserves d’humidité du sol sont bonnes.

En Inde, la production de paddy de 2007 devrait atteindre environ 140 millions de tonnes, soit un niveau proche de la bonne récolte de l’année passée, tandis que la production de maïs est estimée à 15,5 millions de tonnes, soit quelque 2 millions de tonnes de plus que la production réduite de l’année dernière. Selon les dernières informations, la production de blé de 2007 est estimée à 75 millions de tonnes, soit 5 millions de tonnes de plus qu’en 2006 et de la moyenne des cinq dernières années. Compte tenu de ces bons rendements, les prévisions concernant les importations de blé de ce pays en 2007/08 (avril/mars) ont été révisées à la baisse, passant de 3 à 2 millions de tonnes. Le pays a importé quelque 6,7 millions de tonnes de blé en 2006/07.

Les semis du blé d’hiver, à récolter en 2008, sont en cours en Inde. Les conditions agro-météorologiques ont été favorables pour les semis de la récolte d’hiver dans la plupart des régions de végétation de blé pluvial. Les emblavures devraient légèrement dépasser celles de l’année dernière, conséquence des déclarations du gouvernement qui a annoncé une hausse significative des prix de soutien pour la récolte de blé de 2008.

Au Pakistan, la récolte de paddy est en cours et les perspectives de production annuelle sont satisfaisantes. La production totale de blé de 2007, rentrée plus tôt dans l’année, aurait atteint un niveau record de 22,5 millions de tonnes. Les exportations totales de céréales s'élèveraient à quelque 4 millions de tonnes en 2007/08, dont 3 millions de tonnes de riz. Le gouvernement s’étant engagé à soutenir davantage la technologie de riz hybride, une récolte abondante de paddy est attendue en Indonésie, ce qui devrait entraîner une baisse des importations de riz, qui s’établiraient à moins de 1 million de tonnes l’année prochaine. Au Cambodge, les estimations officielles prévoient une production de riz de 6 millions de tonnes pour 2007, soit 4 pour cent de moins que le niveau de la campagne précédente. Le pays devrait exporter quelque 1 million de tonnes de blé en 2008.

Tableau 8. Production céréalière de l'Asie ( en millions de tonnes)
  Blé Céréales secondaires Riz (paddy) Total céréales
  2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév.
Asie 264.9 270.1 280.9 246.2 252.7 256.8 574.5 581.7 585.4 1 085.7 1 104.5 1 123.0
Extrême-Orient 191.5 199.1 207.1 219.6 225.5 230.2 569.7 576.1 579.8 980.9 1 000.7 1 017.2
Bangladesh1.10.80.80.50.50.539.840.339.041.441.640.3
Chine97.4104.5106.0150.4156.7159.3182.1184.1185.5429.9445.3450.8
Inde68.669.475.033.432.134.4137.7139.1140.0239.7240.5249.4
Indonésie0.00.00.012.511.612.454.254.557.066.766.169.5
Pakistan21.621.722.53.53.83.18.38.28.133.433.733.7
Thaïlande0.00.00.03.74.03.930.330.330.534.034.334.4
Viet Nam0.00.00.03.83.83.635.835.835.639.639.639.1
Proche-Orient 49.5 46.2 45.9 22.1 22.6 21.3 4.1 4.8 4.9 75.7 73.6 72.0
Iran (République
islamique d’)
14.514.515.04.45.25.02.73.33.521.623.023.5
Turquie21.520.018.514.313.912.70.60.70.536.434.631.7
Pays asiatiques
de la CEI
23.7 24.7 27.7 4.5 4.6 5.2 0.7 0.7 0.7 28.9 30.0 33.6
Kazakhstan11.513.717.02.22.53.00.30.30.314.016.520.4
Note: Total obtenu à partir de chiffres non arrondis.

 

La hausse des prix du porc affecte la consommation alimentaire en Chine

En Chine, les prix du porc ont sensiblement augmenté au cours du troisième trimestre 2007 par rapport à la même période en 2006, les hausses s’établissant respectivement à 98, 81 et 62 pour cent dans les provinces de Liaoning, de Sichuan et de Guangdong (Figure i). Cela s’explique par une baisse conséquente du nombre de porcs élevés en Chine en 2007, à la suite de l’épidémie du syndrome dysgénésique et respiratoire, également connue en Chine sous le nom de maladie de l’oreille bleue, qui a provoqué la mort d’environ 1 million de bêtes. Les prix du porcelet se sont envolés et, en août 2007, étaient 2,6 fois supérieurs à ceux enregistrés un an auparavant (Figure ii). D'autres facteurs ont contribué à la baisse de la quantité de viande porcine disponible, tels que la hausse des prix des fourrages (les cours du maïs sont supérieurs de respectivement 15 et 25 pour cent par rapport à leurs niveaux d’il y a un et deux ans) et l’augmentation des emplois hors secteur agricole, qui a conduit à une pénurie/un coût plus élevé de la main d’œuvre dans les zones rurales.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

Le porc est le principal produit carné en Chine, en termes de production comme de consommation. En 2005, la production de viande de porc, estimée à 50,1 millions de tonnes, représentait quelque 65 pour cent de la production totale de viande. Ce produit absorbait également les trois-quarts de la consommation totale de viande. L’augmentation des prix aurait fortement affecté la consommation de viande, en particulier celle des populations à faibles revenus, qui consacrent presque 50 pour cent de leur budget total à l’alimentation. Bien que les consommateurs chinois aient réduit leur consommation de porc au bénéfice d’autres viandes, ce transfert demeure limité, l’augmentation du prix de ce produit ayant provoqué une hausse significative du prix des autres viandes et produits alimentaires (Figure iii). De juillet à octobre 2007, l’indice moyen des prix de l’ensemble des viandes a gagné 44 pour cent par rapport à la même période un an plus tôt, l’indice moyen des prix de l’ensemble des aliments progressant quant à lui de 17 pour cent.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

La pénurie de porc en Chine devrait également avoir d’importantes répercussions sur les marchés mondiaux de la viande et des aliments pour animaux, ce pays produisant et consommant environ la moitié des ressources mondiales de porc. Des informations non officielles provisoires indiquent que la production chinoise de porc pourrait baisser d’un tiers cette année. Par conséquent, la Chine devrait augmenter ces importations pour satisfaire à la demande de consommation. Cette année, les importations formelles et informelles de porc seraient déjà importantes dans le sud de la Chine, ce qui pourrait être l’une des raisons expliquant pourquoi ce produit a relativement moins augmenté dans la province du Guangdong.

Le gouvernement chinois a récemment mis en place plusieurs mesures visant à soutenir la production de porc: subventions directes en espèces et d’assurance pour l’élevage de truies, amélioration du système d’élevage, subventions aux comtés exportant de grandes quantités de bétail et de viande, et nouvelles solutions aux problèmes de terres et de financements liés à cet élevage. Cependant, l’efficacité de ces mesures sera tributaire du contrôle du syndrome dysgénésique et respiratoire du porc (SDRP).

 

L'insécurité alimentaire persiste dans de nombreux pays

La République populaire démocratique de Corée continue de souffrir de pénuries alimentaires chroniques dues aux difficultés économiques et aux catastrophes naturelles. La récolte de céréales de la campagne principale de 2007 s’est achevée au mois de novembre et la production de céréales de l’année est provisoirement estimée à 3,8 millions de tonnes (y compris le riz usiné), soit quelque 7 pour cent de moins que le niveau de l’année précédente, déjà affecté par les inondations, et 10 pour cent de moins que la bonne récolte de 2005, en raison des importantes inondations des mois d'août et de septembre. Compte tenu de cette production, les importations de céréales nécessaires pour maintenir durant l'année commerciale 2007/08 (novembre/octobre) une consommation de céréales par habitant proche de la normale à quelque 160 kg par habitant, sont estimées à plus d’un million de tonnes. Malgré les difficultés politiques et économiques, le pays aurait importé environ 556 000 tonnes de céréales en 2006/07 (novembre/octobre), dont 353 000 sous forme d’aide alimentaire destinée aux populations vulnérables et touchées par les inondations.

Au Timor-Leste, la sécurité alimentaire s’est récemment dégradée en raison des cours mondiaux élevés des céréales qui affectent gravement la sécurité alimentaire des populations vulnérables vivant dans des zones urbaines et rurales. Le pays est tributaire des importations de riz qui représentent plus de 50 pour cent de la consommation totale d'une année normale. À la suite de l’augmentation des prix, les principaux importateurs privés de cette céréale ont quitté ce marché en raison du faible pouvoir d’achat des ménages. Les stocks privés de riz atteindraient des niveaux très bas. La production alimentaire de 2007, qui comprend les céréales, le manioc et autres tubercules, a été gravement affectée par le mauvais temps et par une invasion acridienne.  

Au Sri Lanka, la recrudescence des troubles civils et la dégradation des conditions de sécurité ont eu une incidence très néfaste sur l’économie et la sécurité alimentaire du pays, en particulier dans les régions du nord et de l’est. L’insécurité aurait provoqué une chute de 20 pour cent des recettes touristiques durant les 10 premiers mois de 2007. La réduction de la production céréalière annuelle et l’augmentation des prix des céréales à l’importation ont également gravement affecté l’accès à la nourriture des populations vulnérables. Le prix des produits de base, notamment le pain, le riz et le gaz de cuisine aurait augmenté de manière exponentielle.

En Mongolie, l’absence de pluies et la sécheresse qui ont frappé le pays durant les mois d’été, période dont l’importance est fondamentale, ont sévèrement affecté la production de céréales et de fourrage. La production de blé de 2007, culture semée comme d’habitude en mai-juin en vue d’une moisson en octobre, est estimée à 109 000 tonnes, soit une baisse de 15 pour cent par rapport à la récolte précédente et de 12 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Même durant les bonnes années, le pays importe les deux-tiers environ de sa consommation de blé.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

 

Plusieurs pays d’Extrême-Orient sont affectés par des inondations/glissements de terrain et des cyclones

Au Bangladesh, un cyclone de catégorie 4 a provoqué le 15 novembre d’importants dégâts, touchant près de 8,5 millions de personnes dans 30 districts. Selon les dernières estimations officielles (en date du 28 novembre), plus de 3 256 personnes ont été tuées et 880 personnes sont portées disparues. Plus de 1,43 million d'habitations ont été totalement ou partiellement détruites. L’impact est également dramatique sur l’agriculture: 823 000 hectares de paddy ont été endommagés ainsi que d’autres cultures et 1,2 million d’animaux, principalement du bétail, a péri. En juin-juillet 2007, le pays avait déjà connu de graves inondations et des glissements de terrain importants, touchant quelques 10 millions de personnes à travers 39 districts. http://www.fao.org/giews/english/index.htm

Début novembre, le Viet Nam a subi la cinquième inondation majeure depuis le mois d’août. Des centaines de personnes y ont péri et plus de 61 000 habitations ont été submergées, augmentant les besoins de communautés déjà vulnérables.

Quelque 300 000 personnes ont été évacuées aux Philippines suite au typhon Mitag qui a frappé le pays le 26 novembre, faisant quelques victimes, détruisant des habitations et provoquant l’inondation de champs de riz.

Au Népal, 106 214 familles ont été touchées par d’importants glissements de terrain et inondations qui ont contraint au déplacement 25 857 familles dans 62 districts (sur 75 au total). La distribution d’aliments prêts à consommer est terminée et la seconde phase de la distribution alimentaire est maintenant en cours dans les districts situés au centre du Teraï: Siraha, Saptari, Rrautahat, Dhanusa, Parsa, Sarlahi et Mahottari.

Malgré les importants dommages localisés ayant touché les champs de paddy, les précipitations abondantes ont bénéficié aux récoltes de la principale campagne de végétation 2007, actuellement en train d’être rentrées. La production de paddy devrait être supérieure à la moyenne en 2007, tandis que la production céréalière totale est provisoirement estimée pour cette même année à 6,2 millions de tonnes, contre 5,9 millions l’année dernière, ce qui entraînera une baisse des importations céréalières en 2007/08 (novembre/octobre).

 

Proche-Orient

En Afghanistan, les semis de blé d'hiver seraient en cours pour la récolte 2008. Des grains de blé de très bonne qualité sont utilisés, fournis grâce à l’assistance financière et technique de l’UE et de la FAO. La récolte céréalière de 2007, provisoirement estimée à plus de 4,6 millions de tonnes, a largement dépassé la récolte médiocre de 2006 (3,9 millions de tonnes) et s’établit à un niveau supérieur à la moyenne. La production de blé a atteint environ 3,8 millions de tonnes. Néanmoins, les besoins d’importation de céréales pour 2007/08 (juillet/juin) sont estimés à environ 700 000 tonnes, dont 550 000 tonnes de blé. Les prix élevés des céréales mettront vraisemblablement les populations vulnérables en difficulté. À ce stade, les besoins d’aide alimentaire pour l’année commerciale sont fixés à 100 000 tonnes.

Pays asiatiques de la CEI

Une production céréalière exceptionnelle pour 2007

En attendant la réception des données officielles de production céréalière de 2007 (qui pourraient ne pas être communiquées avant que l’année 2008 ne soit bien entamée), la FAO estime que la production céréalière de 2007 de la sous-région serait de 33,6 millions de tonnes (riz en équivalent paddy inclus), soit une hausse de 11 pour cent par rapport à l’année dernière et 16 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. La production totale de blé, qui représente la principale culture céréalière et vivrière de la sous-région, est estimée à 27,7 millions de tonnes, soit une augmentation de 3 millions de tonnes par rapport à 2006. Le gros de cette augmentation est imputable au Kazakhstan, le plus important producteur de la sous-région, où des rendements meilleurs que prévus ont été enregistrés dans les régions productrices du nord (près de la région sibérienne de la Fédération de Russie), résultant en une hausse de 3,3 millions de tonnes de la récolte de blé, qui s’établit à environ 17 millions de tonnes. Au vu des niveaux élevés des cours mondiaux des céréales et des besoins d’importations récurrents dans de nombreux pays de la CEI, cette augmentation était bienvenue. La production de céréales secondaires de la sous-région est provisoirement estimée à 5,2 millions de tonnes, soit une hausse de 4,6 millions de tonnes par rapport à l’année précédente, ce qui est imputable au redressement enregistré en Arménie et en Géorgie par rapport aux faibles récoltes de l’an passé, dues à la sécheresse, et à la production légèrement plus importante du Kazakhstan. La récolte de paddy dans la sous-région est estimée à 697 000 tonnes, soit légèrement en deçà de l’année précédente, l’estimation provisoire de la production en l'Ouzbékistan faisant état d’une légère baisse.

Les cours élevés des céréales affecteront la sécurité alimentaire des populations pauvres et vulnérables

Les besoins d’importations céréalières de la sous-région en 2007/08 (juillet/juin) sont estimés à 3,1 millions de tonnes dont 2,8 millions de tonnes de blé. Dans la plupart des pays de la sous-région, les quantités de blé importées par voie commerciale seront probablement moins importantes que l’année passée, reflétant des prix largement plus élevés, ce qui se traduira par une disponibilité moindre du blé destiné à la consommation humaine et, en particulier, animale. Les quantités de blé importées par voie commerciale s’établissaient à 3,3 millions de tonnes en 2006/07. En Azerbaïdjan et en Géorgie, les importations de blé devraient diminuer témoignant de meilleures récoltes et de prix plus élevés. Ailleurs, cette diminution découle principalement de la hausse des cours. Le blé constitue une denrée alimentaire de base dans la sous-région et les céréales représentent jusqu'à 70 pour cent de l’apport calorique des populations pauvres et vulnérables. Parallèlement à la flambée du pétrole, l’inflation des produits alimentaires et des prix à la consommation progresse dans la plupart des pays, faisant qu’il devient de plus en plus difficile aux pauvres d’accéder à des produits alimentaires et à un chauffage satisfaisants durant les mois d’hiver les plus froids.

Amérique latine et Caraïbes

Amérique centrale et Caraïbes

La production céréalière de 2007 devrait atteindre un niveau record dans la sous-région

Selon les prévisions de la FAO, la production céréalière totale de la sous-région (y compris le riz usiné) atteindrait 39,3 millions de tonnes en 2007, soit environ 2,2 millions de tonnes de plus que le volume de l’année précédente et 3,3 millions de tonnes de plus que la moyenne des cinq dernières années. La récolte des céréales secondaires de la campagne principale de 2007, culture pluviale d’été, vient de débuter dans les principaux pays producteurs du Mexique. Les premières prévisions officielles annoncent une production record de plus de 30 millions de tonnes, soit 7,4 pour cent de plus que le bon niveau déjà atteint de l’année précédente, en raison essentiellement de l'expansion des superficies ensemencées. Dans le reste de la sous-région, malgré de graves pertes localisées dues aux inondations, de bonnes récoltes céréalières ont été rentrées.

Les aléas climatiques affectent l’agriculture et les infrastructures dans de nombreuses parties de la sous-région

Des pluies exceptionnellement abondantes sont tombées durant presque tout le mois d’octobre dans de nombreuses parties de la sous-région, entraînant des dégâts considérables pour l’agriculture et pour les infrastructures. Au Nicaragua, quelque 220 000 personnes ont été touchées au mois de septembre par le passage de l’ouragan Felix sur de nombreux départements du nord du pays (côtes Atlantique et Pacifique). Selon des estimations officielles provisoires, les pertes de la deuxième campagne de maïs et de haricots s’élèvent respectivement à 4 et 14 pour cent de la production annuelle. Une aide alimentaire d'urgence est fournie par la communauté internationale aux populations les plus vulnérables de la Région autonome de l'Atlantique nord (RAAN). Au Costa Rica, les régions du Pacifique nord, du Pacifique centre et de la Vallée centrale ont été frappées par de graves inondations et coulées de boue, provoquant de sérieux dégâts sur les infrastructures routières et quelques dégâts localisés sur les plantations de canne à sucre et sur les cultures de melon. Des inondations et des glissements de terrain ont également été constatés à l’est de la République d’ El Salvador, au sud du Honduras et à l’ouest du Guatemala ainsi que dans l’ État mexicain de Chiapas, entraînant des dommages localisés sur les cultures vivrières (maïs et haricot) et commerciales (bananes et légumes).

Tableau 9. Production céréalière de l’Amérique latine et des Caraïbes ( en millions de tonnes )
  Blé Céréales secondaires Riz (paddy) Total céréales
  2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév.
Amérique latine
et Caraïbes
23.7 23.3 25.5 103.2 107.7 126.7 26.5 24.9 24.1 153.4 155.9 176.3
Amérique
centrale et
Caraïbes
3.0 3.3 3.4 29.6 32.2 34.3 2.4 2.5 2.4 35.0 37.9 40.2
Mexique3.03.23.425.828.230.30.30.30.429.131.834.1
Amérique
du Sud
20.7 20.0 22.1 73.6 75.5 92.4 24.1 22.4 21.7 118.4 118.0 136.1
Argentine12.614.515.024.518.326.51.01.21.138.034.142.6
Brésil4.72.54.037.745.053.613.411.711.355.759.268.9
Colombie0.00.00.01.81.71.72.52.32.44.44.14.2
Note: Total obtenu à partir de chiffres non arrondis.

Au début du mois de novembre, des vents violents et des pluies torrentielles conjugués à la tempête tropicale Noël ont provoqué d’importantes inondations et coulées de boue en République dominicaine, à Haïti, à Cuba et au sud du Mexique. Des pertes importantes ont également été enregistrées dans les cultures commerciales en République dominicaine et à Haïti, en particulier dans les plantations de bananes, de café et de cacao ainsi que pour les tubercules et les légumes. Cependant, la récolte de maïs et de paddy de la seconde campagne de 2007 étant presque terminée sur l’ensemble de l’île d’Hispaniola, les pertes de production de ces importantes cultures de base sont restées limitées et localisées. Au Mexique, l’État du sud-est de Tabasco a connu les pires inondations des 50 dernières années entraînant de graves pertes de paddy, maïs, haricots, bananes plantain, cacao, café et d’ananas ainsi que celle de 300 000 têtes de bétail. Quelque 200 000 hectares de zones de pâturage ont également été touchés. Les inondations ont également frappé le nord-est de l’État mexicain de Chiapas, provoquant des dégâts sur les cultures de maïs et de haricots de la campagne d’été, qui devaient bientôt être récoltées. Des pertes localisées touchant la seconde campagne de maïs et de haricots ainsi que les plantations de bananes et de café sont également signalées dans les provinces situées à l’est de Cuba: Guantanamo, Holguin, Las Tunas, Santiago et Granma. Par ailleurs, la récolte des cannes à sucre à Cuba a été décalée de novembre aux mois de décembre-janvier, à la suite des dégâts causés sur les plantations et les infrastructures par les récentes pluies excessives.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

Les cours internationaux élevés menacent la sécurité alimentaire

La tendance haussière des cours céréaliers mondiaux fait grimper les taux d’inflation de nombreux pays, avec de graves conséquences en termes de sécurité alimentaire pour les groupes les plus vulnérables dont l’accès aux aliments de base importants, tels que le pain ou les tortillas, s’est considérablement contracté au cours des derniers mois. Associée à l’augmentation des coûts de transport, elle-même liée à la hausse des cours du pétrole, l’envolée des cours internationaux du maïs et du soja touche également les secteurs de la volaille, du porc et des produits laitiers.

Amérique du Sud

Malgré des récoltes de blé record dans certains pays, la production totale de la sous-région avoisinera la moyenne en 2007

En Amérique du Sud, les récoltes de blé et d’orge d’hiver de 2007 viennent de débuter dans les principales zones productrices de l’Argentine et de l’Uruguay, tandis qu’elles sont bien avancées dans les États du centre et du sud du Brésil ainsi qu’à l’est du Paraguay. La production totale de blé dans la sous-région est estimée à 22,1 millions de tonnes, soit un résultat proche de la moyenne et supérieur de quelque 10,5 pour cent aux faibles niveaux enregistrés l’année précédente, ce qui s’explique essentiellement par la reprise de la production du Brésil. En Argentine, les bonnes précipitations du mois de septembre ont été favorables aux rendements des principales provinces productrices de Buenos Aires, Córdoba et Santa Fe, et les prévisions officielles annoncent une récolte record de 15 millions de tonnes cette année, soit quelque 7 pour cent de plus que la moyenne. Au vu des améliorations des perspectives de récolte pour cette année, l’Argentine devrait reprendre les exportations à partir de la mi-novembre après les avoir suspendues depuis mars 2007 pour le blé et la farine de blé en réaction à la flambée des prix intérieurs de la farine et du pain et au rythme soutenu des déclarations de sortie. Pour l’année commerciale 2007/08 (juillet/juin), les exportations de l’Argentine devraient reculer d’environ 2 millions de tonnes par rapport à l’an dernier et ne pas dépasser les 9 millions de tonnes. Si les conditions climatiques continuent d’être favorables pendant la moisson, des récoltes de blé exceptionnelles sont également attendues en Uruguay et au Chili, témoignant des superficies record ensemencées. S’agissant de l’orge, à la suite d’une hausse d’environ 10 pour cent des superficies ensemencées, en particulier en Argentine, au Brésil et en Uruguay, la production totale de cette céréale dans la sous-région devrait, selon des estimations provisoires, atteindre un niveau record de 2,6 millions de tonnes.

Des premières perspectives favorables pour la campagne principale de céréales secondaires de 2008

Les récentes précipitations ont amélioré les conditions d’humidité; elles ont également profité aux semis de la campagne principale de céréales secondaires dans de nombreuses régions productrices de l’ Argentine, du Brésil, de la Bolivie, du Chili et de l’ Uruguay. Les premières indications laissent entrevoir une poursuite de l’accroissement des superficies ensemencées en raison du prix attractif du maïs et de la forte demande en sorgho destiné à l’alimentation animale, à la suite de son utilisation croissante par le secteur des biocarburants. La campagne de paddy de 2008 est également en cours et les intentions de semis laissent présager une augmentation d’environ 5 millions d’hectares des superficies lui étant consacrées, en particulier en Argentine, au centre-sud du Brésil et en Uruguay, sous l’effet des perspectives positives des prix et d’une eau abondante dans les principaux réservoirs.

Le secteur de l’élevage du Paraguay continue de faire face à des conditions difficiles

Après les feux de forêt et de brousse du mois de septembre, les plus importants jamais enregistrés au Paraguay, une période de sécheresse prolongée a encore davantage affecté l’important secteur de l’élevage de la région d’El Chaco. La disponibilité très restreinte en eau et en pâturages a déjà conduit à la perte de milliers de têtes de bétail, à un recul de la production de lait et de viande ainsi qu’à une baisse des taux de gestation.

Amérique du Nord, Europe et Océanie

Amérique du Nord

Expansion des semis de blé d'hiver aux États-Unis

Aux États-Unis, fin novembre, le blé d’hiver était sorti de terre dans 89 pour cent des surfaces ensemencées pour la récolte de 2008, un taux légèrement inférieur à l’amélioration enregistrée l’an dernier et à la moyenne, du fait de la sécheresse qui a frappé les plaines du sud-ouest. Les premières estimations laissent entrevoir une hausse des superficies de blé d'hiver d’environ 3,5 à 4 pour cent par rapport à l’année dernière, conséquence des prix élevés. Cependant, l’état des cultures a été estimé fin novembre moins bon que l’année dernière à la même époque. Il est considéré comme bon à excellent dans 44 pour cent des cas contre 53 pour cent des cas l’année précédente. Selon les premières indications, la superficie consacrée au blé de printemps, qui sera mis en terre l’année prochaine, devrait augmenter aux États-Unis. Cela dépendra toutefois largement de l’évolution des prix du blé et des cultures rivales telles que l’orge, l’avoine et le soja dans les prochains mois, les producteurs allant prendre des décisions plus définitives quant à leurs plans d’assolement de printemps lorsque l’on se rapprochera de cette période.

Tableau 10. Production céréalière de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Océanie
( en millions de tonnes)
  Blé Céréales secondaires Riz (paddy) Total céréales
  2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév. 2005 2006 estim. 2007 prév.
Amérique du
Nord
83.0 74.6 76.9 324.3 303.7 382.1 10.1 8.8 9.0 417.5 387.1 468.0
Canada25.725.320.625.223.328.10.00.00.050.948.648.7
États-Unis57.349.356.2299.1280.4354.010.18.89.0366.5338.5419.2
Europe 208.4 191.6 187.2 215.7 210.4 196.1 3.4 3.4 3.5 427.5 405.5 386.7
UE1124.3117.8120.3134.5127.3136.02.72.62.6261.5247.7259.0
Roumanie27.35.30.012.010.20.00.00.00.019.315.60.0
Serbie2.01.91.57.16.94.40.00.00.09.18.85.9
Pays européens de
la CEI
68.6 60.6 63.0 53.6 57.5 50.4 0.7 0.8 0.8 122.8 118.9 114.1
Fédération de
Russie
47.745.147.628.331.230.90.60.70.776.576.979.2
Ukraine18.713.813.718.720.114.10.10.10.137.434.027.9
Océanie 25.7 10.1 12.4 15.0 7.7 8.5 0.3 1.1 0.2 41.0 18.9 21.1
Australie25.49.812.114.47.18.00.31.00.240.118.020.2
1 UE-25 en 2005,2006 ; UE-27 en 2007.
2 En 2007 compris en UE-27.
Note: Total obtenu à partir de chiffres non arrondis.

Après quelques nouveaux ajustements mineurs, les dernières estimations officielles font état d'une récolte de blé aux États-Unis de 56,2 millions de tonnes pour 2007, un bon niveau toujours nettement plus élevé que l’année dernière. La fin de la moisson de maïs ces dernières semaines a confirmé que la récolte de cette année est la plus importante jamais enregistrée. Elle s’établit à 334,5 millions de tonnes, soit 25 pour cent de plus qu’en 2006. Les semis de maïs ont fortement progressé du fait d’une demande intérieure exceptionnellement élevée pour les produits éthanols à base de maïs et des conditions de végétation favorables ont conduit à des rendements record.

Au Canada, les cultures de blé sont essentiellement semées au printemps et la mise en terre pour la récolte de 2008 n’aura pas lieu avant les mois de mars-avril de l’année prochaine. Toutes les premières indications laissent entrevoir, si les conditions climatiques le permettent, une progression importante des superficies. Après avoir abandonné en 2007 de nombreuses surfaces de blé au bénéfice d’autres cultures, les producteurs sont en bonne position pour y revenir dès l’année prochaine. Les prix élevés actuels jouant un rôle incitatif, les estimations provisoires tablent sur une progression de quelque 10 pour cent. Les semis de blé d’hiver, qui représente normalement entre 10 et 15 pour cent du total des moissons, ont bénéficié de conditions favorables. Les estimations provisoires font état d’une progression de 5 pour cent des surfaces par rapport à l’année dernière.

S’agissant de la récolte de céréales de 2007, les dernières informations confirment en grande partie les premières estimations: la production de blé a chuté pour s’établir à 20,6 millions de tonnes, soit presque 20 pour cent de moins que la récolte de l’année précédente et 12 pour cent de moins que la moyenne des cinq dernières années, du fait de la réduction des semis et de moindres rendements dus à un été exceptionnellement chaud et sec. En revanche, on a constaté une nette hausse de la production de céréales secondaires (principalement de l’orge, du maïs et de l’avoine), les dernières estimations officielles indiquant une production de 28,1 millions de tonnes, supérieure de 20,7 pour cent à celle de l’année dernière.

Europe

Les surfaces de blé d'hiver enregistrent une forte expansion dans l’UE

Dans l' UE, les superficies allouées au blé pour la récolte de 2008 devraient s'accroître de quelque 6 pour cent en raison de la suppression du gel obligatoire de 10 pour cent des terres pour l'année 2008 et des cours actuels qui incitent fortement à semer cette céréale. Parmi les producteurs les plus importants, les estimations préliminaires indiquent une nette progression de la surface allouée au blé en France (5 pour cent), en Allemagne (6 pour cent), en Italie (13 pour cent) et au Royaume-Uni (13 pour cent). Parmi les nouveaux États membres situés à l’est de la région, la superficie allouée au blé devrait augmenter de 8 à 10 pour cent en Hongrie et demeurer à son niveau moyen en Roumanie.

Pour 2007, la production totale de céréales de l’ UE est aujourd’hui estimée à 259 millions de tonnes, soit un niveau largement inférieur aux prévisions de début d’année et environ 4 pour cent de moins que la production totale des 27 pays en 2006. Les rendements ont été compromis au fur et à mesure de l’avancement de la campagne, du fait d’un manque d’humidité suivi par des pluies excessives dans les régions du nord, et d’une vague de chaleur et de sécheresse au sud-est de l’Europe. Les dernières estimations laissent entrevoir une production totale de blé tout juste égale à 120 millions de tonnes, soit son niveau le plus bas depuis l'importante sécheresse de 2003. S’agissant des céréales secondaires, la récolte de maïs de l’UE a également été fortement affectée par la sécheresse dans les pays du sud-est, qui assurent une grande partie de la production. Cela a été partiellement compensé par les récoltes légèrement meilleures des autres céréales secondaires les plus importantes (orge, seigle et avoine). Selon les dernières estimations, la production totale de céréales secondaires de l’UE serait de 136 millions de tonnes, soit 2,5 pour cent de moins que la production totale des 27 pays en 2006 et 10 pour cent de moins que la moyenne de ces pays durant les cinq dernières années.

Des surfaces de céréales d’hiver en expansion en 2008 et de premières perspectives de végétation favorables

Fin novembre, les semis de céréales d’hiver pour 2008 (principalement du blé d'hiver et un peu d’orge) sont presque terminés dans la sous-région. Selon les estimations, la superficie totale ensemencée aurait augmenté du fait des prix élevés. Fin novembre, les conditions d’établissement et de végétation étaient globalement positives. En Fédération de Russie, la surface ensemencée en céréales d’hiver a progressé d’environ 5 pour cent pour s’établir à 14,7 millions d’hectares, son plus haut niveau depuis 2001. En Ukraine, elle atteindrait 7,5 millions d’hectares, soit 9 pour cent de plus que l’année précédente à la même période.

La récolte totale de céréales pour 2007 (riz en équivalent paddy inclus) de la sous-région est provisoirement estimée à 114 millions de tonnes, soit presque 5 millions de tonnes de moins que l’année précédente, un niveau proche de la moyenne. Cette baisse est due à des récoltes de céréales secondaires nettement moins importantes en raison de la très forte sécheresse estivale qui a touché l’ Ukraine et Moldova. La production totale de céréales secondaires de la sous-région a chuté de 7 millions de tonnes pour s’établir à 50 millions de tonnes. La production de blé, en revanche, a augmenté de 1 pour cent pour s’établir à 63 millions de tonnes, reflétant les conditions de végétation satisfaisantes pour les cultures d’hiver et les récoltes supérieures à la moyenne rentrées dans la région sibérienne de la Fédération de Russie, épargnée cette année par la sécheresse.

La réduction de l’offre céréalière pour 2007/08 entraîne des restrictions à l’exportation

La Fédération de Russie et l’ Ukraine sont devenus des exportateurs de céréales incontournables, approvisionnant tant les marchés internationaux que les autres États de la CEI. Cependant, pour l’année commerciale 2007/08 (juillet/juin), leurs excédents exportables réunis devraient chuter de plus de 5 millions de tonnes (avec une baisse des exportations de blé de 4 millions de tonnes) du fait de la sécheresse. Le niveau élevé des cours du blé sur les marchés mondiaux, qui ont suscité la panique et accru l’inflation des prix des produits alimentaires, ont conduit de nombreux pays de la CEI à imposer des restrictions à l’exportation. En Ukraine, elles sont actuellement en vigueur et devraient vraisemblablement peser sur les exportations jusqu’aux mois de février-mars, une fois affinées les prévisions de récolte d’hiver. La Fédération de Russie a imposé une taxe sur les exportations de blé et d’orge. Des mesures plus restrictives devraient entrer en vigueur une fois que sera expédié l’excédent exportable estimé.

Dans le même temps, les besoins d’importation du Moldova, généralement presque autosuffisant pour les céréales, s’élèvent à plus de 700 000 tonnes, dont 400 000 tonnes de blé. Cela résulte de la grave sécheresse qui a frappé le pays. La récolte totale de céréales ayant chuté de deux-tiers et le secteur de l’élevage jouant un rôle économique important, le pays bénéficie de l’aide de plusieurs donateurs pour absorber les conséquences de la sécheresse. Cependant, de nombreux petits agriculteurs devraient avoir des difficultés à mobiliser des fonds pour les semis des récoltes de 2008 et maintenir leurs animaux en vie. Au Bélarus, les importations totales devraient baisser d’un tiers, du fait des cours élevés du blé et des céréales secondaires.

Océanie

En Australie, les pluies ont été trop tardives pour assurer de bonnes récoltes de blé

Les pluies abondantes qui se sont abattues début novembre sur de nombreuses régions de l'est de l' Australie ont été trop tardives pour améliorer les mauvaises perspectives de rendement des cultures d’hiver, affectées par la sécheresse durant la majeure partie de la campagne de végétation. La moisson étant déjà en cours, la pluie risquerait de faire plus de mal que de bien en menaçant la qualité de la récolte. La sécheresse s’étant poursuivie et les températures ayant continué d’être supérieures à la moyenne durant la période critique de septembre-octobre, les dernières prévisions officielles ont été revues à la baisse fin octobre pour tabler sur une récolte de blé de 12,1 millions de tonnes. Même si ce niveau correspond à une augmentation de quelque 2 millions de tonnes par rapport à la récolte de 2006, plus sévèrement réduite encore, il représente la moitié du potentiel de production national pour une année normale. Les récoltes ont donc été très mauvaises durant trois des six dernières années, ce qui a un impact significatif sur les volumes d’exportation et les stocks du pays (voir la Figure 7). L’Australie compte normalement parmi les principaux exportateurs de céréales du monde. Outre le blé, les mauvaises conditions climatiques ont affecté de la même manière les autres cultures d’hiver (principalement l’orge) et la production devrait être largement inférieure à la moyenne. Cependant, les pluies du mois de novembre pourraient se révéler positives pour les cultures mineures de céréales d’été (principalement le maïs et le sorgho), semées de septembre à décembre en vue d’une moisson entre les mois de mars et juin de l’année suivante.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire